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Une vraie boucherie cachée dans Paris


Elle fait partie du paysage parisien. Comme ça, en plein milieu, exactement entre l'hôtel de ville et le Châtelet.

C'est une tour isolée, gothique, qui semble un peu perdue au milieu d'un square.

C'est surtout un vestige d'une histoire qui commence au Moyen-Âge.

Au 11e siècle, les bouchers s'installent aux portes de Paris, dans une zone délaissée au nord de l'île de la Cité. Ils disposent d'espace pour abattre les bêtes, équarrir et vendre la viande.

Cette corporation est puissante dans une ville qui fonctionne - sans institutions propres - par la guerre des corporations.

Les bouchers accumulent au fil des siècles une fortune et un pouvoir. Ils créent des traditions propre et un savoir faire reconnu. Leur participation à plusieurs révoltes leur donne une image bourrue, mais leur religiosité est admirée. Au 12e siècle, ils fréquentent en nombre l'église du quartier : Saint-Jacques-le-Majeur. 300 ans plus tard, ils se sont approprié l'église. On parle alors de Saint-Jacques-de-la-Boucherie.

Mais au 16e siècle, les temps changent. On bascule dans ce qu'on appellera la Renaissance et la puissante corporation des bouchers fait face à de nouvelles corporations concurrentes : les charcutiers et les rôtisseurs. Bientôt viendront les volaillers. Pour prouver leur domination, les bouchers construisent un gratte-ciel, et à l'époque, ça se présente sous la forme d'un nouveau clocher pour l'église. 54 mètres : le toit du monde.

En 1648, Blaise Pascal a besoin de hauteur pour prouver sa théorie sur la pression atmosphérique. Il utilise logiquement le clocher des Bouchers. 150 ans plus tard, ses travaux sont encore dans toutes les mémoires. La Révolution fait rage et la crise immobilière rend urgent le besoin de pierres. On détruit l'église St-Jacques pour ses pierres, mais on en conserve le clocher. Pour la science, pardi !

Au 19e siècle, on place une statue de Pascal pour rappeler que c'est lui qui a sauvé la tour. On fait pousser des arbres dans ce qui devient le premier square de Paris, celui-là même où le ténébreux et inconsolé Gérard de Nerval mettra fin à ses jours en 1855.

Aujourd'hui, cette tour est le départ parisien de la route de Saint-Jacques de Compostelle.

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